INTERVIEW - Sherralynn, en route vers le Zéro Déchet !



Sherralynn, que je connais depuis plus de 16 ans, a décidé de s'orienter vers un mode de vie Zéro Déchet.

J'avais envie d'en savoir plus et elle a très gentiment accepté de partager son expérience sur le blog.

Sans langue de bois, elle nous livre ses précieux conseils, ses doutes, ses contradictions et ses espoirs... pour un avenir plus sobre et plus durable !


** Depuis combien de temps as-tu initié une démarche Zéro Déchet (ZD) ? 
 J’ai commencé en janvier de cette année, il me semble. Ou peut-être un peu avant. Mais en janvier je me suis dit : je vais faire le défi ‘Rien de Neuf’ de Zero Waste France, et ça m’a donné l’impulsion peut-être déjà de ralentir les achats et de me poser beaucoup plus de questions avant de sortir ma carte bleue. Mine de rien, ça fait faire beaucoup d’économies aussi.

 ** Quel a été le déclic pour toi ? 
 Un concours de ramassage de déchets en octobre 2018 : je l’ai fait avec mes deux aînés, de 6 et 4 ans, et j’étais très choquée de voir l’état des lieux publics qui sont quand même nettoyés régulièrement. J’étais aussi très motivée par des discussions que j’ai eues avec l’institutrice de mon fils, qui se désole de voir l’état de la planète et qui mène une vie de colibri depuis toujours. Et j’ai été beaucoup inspirée par un livre : la famille zéro déchet.

 ** Par quoi as-tu commencé ? 
 Les courses en vrac, les produits ménagers faits maison, les couches lavables, et la cuisine 100% maison et 80% bio. On avait déjà un composteur depuis 2015, et nous avions quand même 90l de déchets non-recyclables par semaine minimum. Aujourd’hui ça varie entre 20l et 30l par semaine. On utilise des couches jetables la nuit, malheureusement.

 ** Tu ne vis pas seule, tu as un mari et 3 enfants. Sont-ils à fond dans la démarche ? Comment vivent-ils cette transition vers le ZD ? 
Ahahahaha, et bien, on était déjà adeptes du Bon Coin et des vêtements d’occasion pour les enfants (mais pas pour nous, hein), depuis longtemps. On a toujours aimé chiner, retaper, réparer les choses, donc pour les ‘gros billets’ comme les meubles on était pas trop mal déjà.
On avait aussi fait le choix il y a 8 ans d’acheter des couches lavables pour notre premier bébé, et les deux premiers ont grandi avec ces couches-là. Mais pour le 3ème je me suis un peu laissée aller et c’est vrai que le confort a pris le dessus car on avait des travaux, deux boulots, 3 gamins, pas de temps pour vraiment se poser de questions. Mais, après ma grosse prise de conscience de l’année dernière, j’ai ressorti les couches lavables, et je voulais aller plus loin, je voulais être la nouvelle Béatrice Johnson !

Kit change bébé

J’ai voulu faire une grande différence tout de suite au niveau des déchets, et c’était un peu le choc pour ma famille, car tout d’un coup plus de gâteaux industriels pour le goûter, plus de céréales choco-machin/boules de miel au petit-déjeuner, plus de Haribo, plus de Nesquik… plus de goûters d’anniversaire avec des jouets en plastique super-cheap dans les sacs des invités, etc. Ils ont un peu râlé, c’est vrai. Mais pas longtemps !
Pour la transition au niveau de la salle de bain c’était plus doux car on a quand même terminé les produits déjà achetés (et comme ils n’aiment pas mon dentifrice maison je prends toujours de l’industriel), donc c’était moins flagrant comme changement au début.



Aujourd’hui tout le monde à la maison est à peu près au même endroit sur le chemin vers le ZD, donc c’est plus paisible ! Et on essaie toujours de s’améliorer, ce qui parfois donne lieu à des idées super-créatives chez les enfants. Ils sont vraiment à fond dans la démarche, ils refusent toujours les pailles si on sort manger (ce qui est rare), et ils veulent toujours réutiliser certains déchets par exemple au jardin (boîtes à œufs, bouteilles de lait vides), ils achètent des choses comme moi à la Ressourcerie (jouets, livres, accessoires, fournitures) ou dans des vide-greniers, brocantes, et on utilise régulièrement la médiathèque et les boîtes à livres…

** Quelle est l'habitude que tu as ressenti comme la plus difficile à changer ? 
Il y en a deux : la cigarette et les chips industrielles. J’ai essayé de me mettre à la cigarette électronique mais je n’y arrive pas, ça m’a rendue malade car elle fuyait. Et pour les chips j’y suis certainement accro, et je n’arrive pas à en faire d’aussi bonnes chez moi. Du coup, je reste sur les Tyrell et compagnie, pour l’instant. Il reste de la marge pour m’améliorer, c’est le côté positif de la chose.

 ** Un conseil pour quelqu'un qui souhaite se mettre au ZD ? 
 Y aller doucement, lire des livres pour inspiration (La famille ZD est vraiment celui que j’ai préféré – c’est le récit de ce qu’ils ont vécu et consigné sur leur blog, et en plus il est drôle), commencer par les choses les plus simples à changer (sinon on se décourage et on arrête). 

** Des marques ou des objets ZD que tu recommandes particulièrement ? 
 Marius Fabre pour le savon noir et le savon de Marseille que j’utilise pour nettoyer ma maison, mon linge, ma vaisselle. Le shampooing solide Secrets de Provence. Et la Biocoop pour les courses en vrac.

Produits d'entretien maison


 ** Ton prochain défi ZD ? 
 Trouver un fournisseur de lait avec des bouteilles en verre/consignées, voire les deux ! On sait tous que les briques et les bouteilles en plastique ne sont que rarement recyclées. Mais en région parisienne je n’ai pas encore trouvé la solution. A la campagne on peut se fournir directement à la ferme, mais pas ici.

 ** On passe tous parfois par des moments de découragement… Est-ce que ça t'arrive et qu'est-ce qui te rebooste ? 
 Oui, et bien ça nous arrive bien sûr de se dire ‘Meurde (prononcé à l'anglaise... référence aux origines britanniques de Sherralynn...), j’ai envie d’un bon gros McDo’, et parfois on cède à cette envie. Le truc, c’est de ne pas culpabiliser car on fait déjà mieux qu’à cette époque de l’année dernière, on a déjà beaucoup changé, on ne va pas se flageller pour ça (ni pour un billet d’avion d’ailleurs), car on fait une différence par ailleurs. Et cette année on va essayer d’être carbon-neutre, ce qui est impossible en soi bien sûr, mais en investissant dans des projets de plantations massives et d’autres projets soutenus par l’ONU, le WWF etc, on peut ‘compenser’ nos émissions de CO².


Sherralynn, merci infiniment pour cet échange inspirant ! 
J'espère que ton témoignage guidera celles et ceux qui liront cet article et voudront adopter une démarche Zéro Déchet.